- Dans le cadre du renforcement négatif, imaginé pour la première fois par B. F. Skinner, un stimulus indésirable est supprimé afin d’accroître un comportement.
- Si un organisme est exposé à une situation aversive et que la fin de cette situation est subordonnée à une certaine réponse, on dit que l’organisme est renforcé négativement.
- Il existe deux types de renforcement négatif : l’apprentissage par la fuite et l’apprentissage par l’évitement. L’apprentissage par évasion se produit lorsqu’un animal adopte un comportement pour mettre fin à un stimulus aversif, tandis que l’apprentissage par évitement implique l’adoption d’un comportement pour éviter le stimulus aversif.
- Le renforcement négatif peut être efficace, mais les spécialistes s’accordent généralement à dire qu’il doit être utilisé avec parcimonie et qu’il est préférable de renforcer les comportements à court terme.
CHAPITRES
ToggleComment cela fonctionne-t-il ?
Le renforcement négatif désigne le processus consistant à supprimer un stimulus désagréable après l’apparition du comportement souhaité afin d’augmenter la probabilité que ce comportement soit répété.
Le renforcement négatif est un principe de base du conditionnement opérant de Skinner, qui se concentre sur la façon dont les animaux et les humains apprennent en observant les conséquences de leurs propres actions (Dozier, Foley, Goddard, & Jess, 2019).
Skinner a fait valoir que l’apprentissage est un processus actif. Lorsque les humains et les animaux agissent sur et dans leur environnement, des conséquences suivent ces comportements. Si les conséquences sont agréables, ils répètent le comportement, mais si les conséquences sont désagréables, ils ne répètent pas le comportement.
Le mot « négatif » dans l’expression « renforcement négatif » signifie simplement « enlever quelque chose ». C’est cette suppression d’un stimulus qui vise à renforcer un comportement souhaitable.
Le renforcement négatif n’est donc pas destiné à renforcer un comportement négatif ou indésirable (Dozier, Foley, Goddard, & Jess, 2019).
Le renforcement négatif se produit lorsque l’exécution d’une action empêche quelque chose de désagréable de se produire. Par exemple, dans l’une des expériences de Skinner, un rat devait appuyer sur un levier pour ne plus recevoir de choc électrique.
Exemple
Un exemple de renforcement négatif qui apparaît souvent dans la vie adulte concerne la conduite automobile. Imaginez qu’une personne se rende au travail en voiture et qu’elle soit en retard.
Le conducteur voit que la limite de vitesse est de 55 mph mais décide de rouler à 65 mph pour arriver à temps au travail.
Soudain, il aperçoit dans son rétroviseur une voiture de police dont les phares sont allumés. Le stimulus aversif (se faire arrêter) est maintenant présent, et il ralentit pour respecter la limite de vitesse.
Dans ce cas, le comportement désiré (respecter la limite de vitesse) s’est produit à la suite du stimulus aversif (se faire arrêter).
Dans un autre scénario, quelqu’un pourrait conduire pendant les heures de pointe pour se rendre au travail.
Le trajet peut prendre une heure ou plus, et c’est très stressant. Cette personne peut décider de quitter le travail plus tôt un jour afin d’éviter les embouteillages.
Autrement, elle peut décider d’emprunter un itinéraire très peu fréquenté et se rendre au travail en 45 minutes.
Cette personne, après avoir obtenu les mêmes résultats plus tard dans la semaine, peut commencer à emprunter ce nouvel itinéraire tous les jours. Dans ce cas, la suppression du stimulus négatif que constitue la mauvaise circulation modifie le comportement du conducteur (Chen, Zhang, Gong et Lee, 2019).
Types de renforcement négatif
Il existe deux principaux types de renforcement négatif : la fuite et l’évitement. Ils diffèrent lorsque le stimulus aversif est supprimé.
L’apprentissage par évitement
L’apprentissage par évitement se produit lorsqu’un animal adopte un comportement (comme appuyer sur un levier) pour arrêter ou éviter un stimulus aversif (comme un choc électrique) (Dozier, Foley, Goddard, & Jess, 2019).
Par exemple, un rat placé dans une boîte de Skinner peut apprendre à appuyer sur un levier pour arrêter l’administration d’un choc électrique.
Une fois que l’animal a appris ce comportement, la décharge sert de stimulus aversif qui peut être utilisé pour renforcer d’autres comportements souhaités (comme appuyer sur un levier différent).
L’apprentissage par évitement
L’apprentissage par évitement se produit lorsqu’un animal exécute un comportement (comme sauter par-dessus une haie) pour éviter ou échapper à un stimulus aversif (comme une décharge électrique).
Par exemple, un oiseau participant à une expérience en laboratoire peut apprendre à se rendre dans un compartiment sombre pour éviter d’être exposé à un bruit fort.
Une fois que l’animal a appris ce comportement, le bruit fort sert de stimulus aversif qui peut être utilisé pour renforcer d’autres comportements souhaités (comme se rendre dans des compartiments sombres, même en l’absence de stimulus aversif) (Dozier, Foley, Goddard, & Jess, 2019).
En quoi est-ce différent de la punition ?
Beaucoup de gens confondent le renforcement négatif et la punition dans le conditionnement opérant, mais il s’agit de deux mécanismes très différents.
Rappelons que le renforcement, même lorsqu’il est négatif, augmente toujours un comportement. En revanche, la punition diminue toujours le comportement.
Le renforcement négatif, quant à lui, supprime une condition désagréable après la manifestation d’un comportement désiré afin d’augmenter la probabilité que ce comportement soit répété à l’avenir (Dozier, Foley, Goddard, & Jess, 2019).
La punition consiste à apporter une conséquence désagréable après qu’un comportement a déjà eu lieu afin de diminuer sa probabilité de se reproduire à l’avenir.
Par exemple, un enfant peut mentir sur le fait qu’il a fait ses corvées, ce qui provoque ses parents à lui donner des corvées supplémentaires. Dans ce cas, les corvées supplémentaires sont une conséquence indésirable pour éliminer le comportement de mensonge.
Comme autre exemple de punition, un enseignant peut retirer la récréation à un élève parce qu’il parlait trop en classe.
Il ne s’agit pas d’un renforcement négatif parce que l’enseignant retire une conséquence positive (la récréation) après que le comportement (parler trop en classe) s’est déjà produit (Dozier, Foley, Goddard, & Jess, 2019).
En somme, la punition se veut un stimulus aversif qui diminue la probabilité qu’un comportement soit répété, tandis que le renforcement négatif vise à supprimer un stimulus aversif afin d’augmenter la probabilité qu’un comportement soit répété.
Le renforcement négatif n’est pas le contraire du renforcement positif
Le renforcement positif et le renforcement négatif augmentent tous deux la probabilité qu’un comportement soit répété. La seule différence réside dans le type de conséquence utilisé pour atteindre cet objectif.
Alors que le renforcement positif utilise une conséquence souhaitable pour augmenter la probabilité qu’un comportement soit répété, le renforcement négatif supprime une condition désagréable après la manifestation du comportement afin d’en augmenter l’occurrence future (Dozier, Foley, Goddard, & Jess, 2019).
Par exemple, imaginez un parent qui essaie d’apprendre à son enfant à aller sur le pot. Chaque fois qu’il utilise les toilettes, le parent le félicite et lui donne un autocollant.
Il s’agit d’un exemple de renforcement positif, car le parent fournit une conséquence souhaitable (félicitations et autocollants) après que le comportement souhaité (utilisation des toilettes) s’est produit, afin d’augmenter sa fréquence future.
Imaginez maintenant qu’au lieu de féliciter et de récompenser votre enfant chaque fois qu’il utilise les toilettes, le parent cesse tout simplement de le harceler à ce sujet.
Il s’agit là d’un exemple de renforcement négatif, car vous supprimez un stimulus aversif (le harcèlement) après que le comportement souhaité (l’utilisation des toilettes) s’est produit, afin d’augmenter sa fréquence future.
En classe
Le renforcement négatif peut être utilisé dans toutes les situations où un changement de comportement doit se produire.
Un exemple courant de renforcement négatif en classe est celui d’un enseignant qui accorde un crédit supplémentaire aux élèves qui rendent leurs devoirs à temps.
Imaginez un scénario dans lequel les élèves évitent de rendre leurs devoirs à temps parce qu’ils souhaitent les faire de manière plus approfondie afin d’éviter une mauvaise note.
Dans cet exemple, le crédit supplémentaire n’est pas donné si l’élève ne rend pas ses devoirs à temps. En effet, le renforcement négatif n’est censé fonctionner que lorsqu’il suit le comportement souhaité.
Si le crédit supplémentaire était accordé indépendamment du fait que l’élève ait ou non rendu ses devoirs à temps, il s’agirait simplement d’une récompense et ne fonctionnerait pas comme un renforcement négatif.
Un autre exemple courant de renforcement négatif en classe est celui d’un enseignant qui menace ses élèves de les mettre en retenue s’ils ne font pas leurs devoirs.
Dans ce cas, la suppression du stimulus aversif (la retenue) est subordonnée à la manifestation du comportement souhaité (faire ses devoirs) (Gunter & Coutinho, 1997).
Si les élèves reçoivent une retenue, qu’ils fassent ou non leurs devoirs, il s’agit alors d’une simple punition qui ne fonctionnera pas comme un renforcement négatif.
Bien que ce renforcement négatif puisse être efficace pour encourager un comportement positif, certains chercheurs soutiennent qu’il faut mettre l’accent sur le renforcement positif et utiliser le renforcement négatif avec parcimonie.
Ils soutiennent que le fait de mettre l’accent sur le positif (par exemple, récompenser les élèves parce qu’ils font leurs devoirs) n’est pas une bonne chose, récompenser les élèves qui font leurs devoirs) est plus susceptible d’entraîner un changement de comportement à long terme que de mettre l’accent sur le négatif (par exemple, menacer les élèves de retenue s’ils ne font pas leurs devoirs), menacer les élèves de retenue s’ils ne font pas leurs devoirs).
De ce point de vue, le renforcement négatif est préférable pour les changements de comportement immédiats (Gunter et Coutinho, 1997).
Efficacité
L’efficacité du renforcement négatif pour changer un comportement dépend d’un certain nombre de facteurs, notamment l’âge et la maturité de l’apprenant, la gravité du stimulus aversif et le caractère souhaitable du comportement désiré.
Le renforcement négatif peut être particulièrement efficace lorsque le stimulus aversif est quelque chose que l’apprenant veut vraiment éviter.
Par exemple, si un étudiant essaie d’étudier pour un examen mais est facilement distrait par les médias sociaux, l’utilisation d’un renforcement négatif (par exemple, en menaçant de lui confisquer son téléphone s’il n’est pas en mesure de l’utiliser) peut s’avérer utile, menacer de lui enlever son téléphone s’il n’étudie pas) pourrait être un moyen efficace de l’amener à se concentrer sur son travail (Dad, Ali, Janjua, Shazad, & Khan, 2010).
Cependant, si le stimulus aversif n’est pas quelque chose qui intéresse l’apprenant, il est peu probable qu’il soit efficace.
Par exemple, si un élève ne se soucie pas des heures de colle, le menacer d’heures de colle ne sera probablement pas un moyen efficace de l’inciter à faire ses devoirs.
En général, le renforcement négatif est plus efficace lorsqu’il est utilisé avec parcimonie et uniquement pour les comportements qui sont vraiment indésirables.
Références
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Chen, C., Zhang, K. Z., Gong, X., & Lee, M. (2019). Double mécanisme de récompense de renforcement et d’habitude dans la conduite de la dépendance au smartphone : le rôle des caractéristiques du smartphone. Internet Research.
Dad, H., Ali, R., Janjua, M. Z. Q., Shahzad, S., & Khan, M. S. (2010). Comparaison de la fréquence et de l’efficacité des pratiques de renforcement positif et négatif dans les écoles. Contemporain Issues in Education Research, 3 (1), 127-136.
Dozier, C. L., Foley, E. A., Goddard, K. S., & Jess, R. L. (2019). Reinforcement. The Encyclopedia of Child and Adolescent Development, 1-10.
Ferster, C. B., & Skinner, B. F. (1957). Schedules of reinforcement. New York : Appleton-Century-Crofts.
Gunter, P. L., & Coutinho, M. J. (1997). Negative reinforcement in classrooms : What we « re beginning to learn.
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Skinner, B. F. (1948). Superstition » chez le pigeon. Journal of Experimental Psychology, 38, 168-172.
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Thorndike, E. L. (1898). Animal intelligence : Une étude expérimentale des processus associatifs chez les animaux. Monographies psychologiques : General and Applied, 2(4), i-109.
Watson, J. B. (1913). Psychology as the behaviorist views it. Psychological Review, 20, 158-177.
Lecture complémentaire
Sprouls, K., Mathur, S. R., & Upreti, G. (2015). Le feedback positif est-il une pratique oubliée en classe ? Résultats et implications pour les élèves à risque. Prévenir l’échec scolaire : Alternative Education for Children and Youth, 59(3), 153-160.