L’habitude de sucer son pouce est une pratique commune chez de nombreux enfants en bas âge. Que ce soit pour se rassurer, se réconforter ou se divertir, cette habitude peut sembler inoffensive au départ. En tant que parent, il est naturel de vouloir aider votre enfant à se débarrasser de cette habitude de succion du pouce. Non seulement cette pratique peut entraîner des problèmes dentaires, tels que des malformations de l’alignement des dents et de la mâchoire, mais elle peut également avoir des conséquences sur le développement social de votre enfant. Tout comme la tétine, la succion du pouce peut également entraîner des risques d’otites ainsi qu’un retard du langage dû au mauvais positionnement de la langue. Il est donc essentiel d’intervenir de manière appropriée pour encourager un sevrage progressif.
Stratégies pour aider votre enfant à cesser de sucer son pouce
Bien que la plupart des enfants cessent de sucer leur pouce d’eux-mêmes avant d’entrer à la maternelle, c’est vous qui connaissez le mieux votre enfant – et si vous pensez qu’il a besoin d’un peu plus d’aide, il existe de nombreuses stratégies et produits qui peuvent l’aider. Plus ils sont grands, plus ces stratégies fonctionneront sur des enfants qui veulent arrêter.
Le dialogue avant tout
Certains enfants ne réalisent tout simplement pas que sucer leur pouce est une habitude dont ils devraient se débarrasser. Demandez à votre enfant – avec curiosité et non en le condamnant, bien sûr – pourquoi il suce son pouce. Cela lui fait-il du bien ? Sait-il au moins qu’il le fait ? Y a-t-il autre chose qu’il peut faire (comme serrer un doudou ou compter lentement jusqu’à trois) qui lui fera autant de bien ?
Apprendre ensemble à sucer son pouce
Vous pouvez par exemple lire un livre avec des histoires aider les enfants à arrêter de sucer leur pouce telles que « Histoires du quotidien: J’arrête le pouce ! » de Valérie Weishar-Giuliani et Roxanne Rainville. Ou regarder une émission TV ou dessin animé où les participants/personnages doivent arrêter une mauvaise habitude. Vous pouvez suivre le programme tout en discutant avec votre enfant.
Appliquez un vernis à ongles amer
Aussi une stratégie utilisée pour les rongeurs d’ongles agressifs, un vernis au mauvais goût appliqué sur les doigts peut dissuader un suceur de pouce compulsif.
Mais certains experts ne recommandent pas cette approche car ce n’est pas la plus belle façon de briser l’habitude de votre enfant. Mais pour les enfants qui sont motivés pour arrêter et qui ont juste besoin d’un rappel rapide pour ne pas sucer, un goût de ce produit peut les aider à rester sur la bonne voie. Il est également discret et ne gêne pas les mouvements.
Observer les habitudes de succion du pouce
Si vous remarquez que votre enfant ne suce son pouce qu’avant le coucher, il a peut-être simplement besoin d’un autre moyen de se détendre et de se préparer au sommeil. Vous pouvez essayer de lui offrir une tasse de lait chaud ou une tisane sans danger pour les tout-petits avant le brossage des dents du soir.
Si vous remarquez qu’il met son pouce dans sa bouche chaque fois qu’il est anxieux, en colère ou triste, aidez-le à trouver un autre mécanisme d’adaptation – comme une activité de pleine conscience – pour remplacer la succion du pouce.
Offrir des récompenses et des incitatifs
Les systèmes de récompenses peuvent être délicats : ils ne fonctionnent pas pour tous les enfants et, lorsqu’ils fonctionnent, il peut être difficile de les éliminer progressivement. Néanmoins, certains enfants sont très motivés par une représentation visuelle de leurs progrès (comme des autocollants ou de petits jetons) et par la possibilité d’obtenir des prix ou des privilèges chaque fois qu’ils ne sucent pas leur pouce.
N’oubliez pas que les enfants – comme nous tous, en fait – peuvent être très doués pour dissimuler un comportement qu’ils ne veulent pas abandonner.
Utiliser un protège-doigt
Il existe de nombreux kits disponibles en ligne conçus pour empêcher physiquement votre enfant de sucer son pouce. Certains sont en plastique, tandis que d’autres ressemblent davantage à des gants flexibles.
Les avantages de ces produits sont qu’ils ne contiennent pas de produits chimiques et qu’ils sont en grande partie à l’épreuve des enfants, qui ne peuvent donc pas les enlever. Les inconvénients sont qu’ils sont très visibles et peuvent empêcher votre enfant d’utiliser sa main pour jouer ou se nourrir.
Établir des règles ou des limites
Dire à votre enfant qu’il ne peut sucer son pouce que lorsqu’il est au lit ou qu’il regarde la télévision est un bon moyen d’éliminer progressivement cette habitude sans en faire une lutte d’influence. Votre enfant continue de le faire, mais il en aura de moins en moins besoin au fil du temps.
Essayer le jeu de rôle
Si votre enfant a un animal en peluche ou un jouet favori, utilisez-le à votre avantage ! Faites comme si sa peluche voulait arrêter de sucer son pouce. Demandez à votre enfant s’il peut aider sa peluche en montrant le bon exemple et en faisant des suggestions.
Utilisez des rappels visuels
Un enfant qui est motivé pour arrêter de sucer son pouce mais qui oublie constamment peut bénéficier d’un rappel visuel. Essayez d’attacher un nœud ou un élastique autour de son pouce (pas trop serré !) ou de faire un tatouage temporaire sur le dos de sa main pour qu’il se souvienne d’arrêter avant même de commencer.
Utiliser un stoppeur de main
Cette brace souple s’attache au coude de votre enfant et l’empêche de fléchir, de sorte qu’il ne peut pas plier son bras suffisamment pour porter sa main à sa bouche. Si l’habitude de votre enfant est grave, il se peut que ce soit le seul outil qui l’aide – mais il peut aussi limiter ses mouvements au point qu’il se sente frustré.
Amenez-le chez le dentiste
Votre enfant peut avoir besoin d’un coup de pouce de quelqu’un d’autre que vous (ne le prenez pas personnellement) pour se débarrasser définitivement de l’habitude de sucer son pouce. Prenez rendez-vous chez le dentiste et demandez au professionnel de parler avec votre enfant des soins à apporter à sa bouche et à ses dents.
La plupart des cabinets dentaires pédiatriques disposent de nombreuses ressources éducatives colorées et adaptées aux enfants – et, à tout le moins, ils peuvent vous aider à déterminer si cette habitude nuit au développement bucco-dentaire de votre enfant.
Le saviez-vous ?
Saviez-vous que le fait de sucer son pouce dans le ventre de sa mère (succion « in utero ») peut être un signe précoce de la future main forte ? Dans une étude réalisée en 2005, des chercheurs ont suivi 75 enfants qui avaient sucé leur pouce dans le ventre de leur mère. Ils ont constaté que tous les bébés qui avaient sucé leur pouce droit étaient maintenant droitiers (à l’âge de 10 ou 12 ans). Deux tiers des bébés qui avaient sucé leur pouce gauche étaient gauchers.
Pourquoi les enfants sucent-ils leur pouce
Il est clair qu’il peut y avoir quelque chose d’instinctif dans le désir d’un bébé de préférer un pouce à l’autre – mais pourquoi les bébés sucent-ils leur pouce ?
Selon l’Académie américaine de pédiatrie, tous les bébés naissent avec un besoin intense de sucer. Les bébés trouvent également la sensation de succion apaisante et nombre d’entre eux continuent à le faire en dehors des séances de tétée. Alors que certains bébés et enfants en bas âge préfèrent utiliser des sucettes pour satisfaire leurs besoins de succion, d’autres bébés trouvent que leurs pouces ou leurs doigts sont le meilleur outil et le plus disponible !
Quand il est temps d’arrêter
La plupart des parents qui s’inquiètent de la succion du pouce craignent qu’elle ne cause des dommages à long terme aux dents, à la bouche ou à la mâchoire de leur enfant. Ces craintes sont tout à fait compréhensibles, surtout si l’on considère le coût des traitements orthodontiques !
L’American Dental Association (ADA) affirme que la plupart des enfants cessent d’eux-mêmes de sucer leur pouce entre l’âge de 2 et 4 ans. Et même après l’âge de 4 ans, les médecins ne recommandent pas aux parents d’essayer de mettre fin à ce comportement de manière agressive, car le fait de mettre trop de pression sur votre enfant peut avoir l’effet inverse.
Voici d’autres bonnes nouvelles : si votre enfant ne suce son pouce que rarement – comme à l’heure du coucher – ou s’il garde son pouce passivement dans sa bouche au lieu de le sucer fortement, il n’y a pas beaucoup de risque d’effets secondaires à long terme.
Il se peut même que cela soit bénéfique pour son système immunitaire : Une étude de 2016 suggère que les enfants qui sucent leur pouce sont tellement exposés aux microbes domestiques courants que cela pourrait réduire leur risque d’allergies et d’asthme. (Ce n’est pas un feu vert pour que votre enfant lèche la table du fast-food le plus proche, mais c’est tout de même rassurant.)
En revanche, si votre enfant suce son pouce de manière vigoureuse ou régulière, vous devriez peut-être prévoir un plan pour éliminer progressivement ce comportement. Selon l’ADA, les enfants qui sucent leur pouce au-delà de l’âge de 6 ans environ (lorsque les dents définitives apparaissent) peuvent perturber la croissance de leur bouche et l’alignement de leurs dents.
Les auteurs d’un rapport de cas suggèrent que l’abandon de l’habitude peut arrêter ou inverser de nombreux problèmes associés à la succion du pouce, bien que certains enfants aient toujours besoin d’une correction orthodontique même après avoir abandonné l’habitude.
L’essentiel
Est-ce la fin du monde si votre enfant suce encore son pouce à l’âge de 4 ans ? Non, mais cela peut tout de même être stressant pour vous en tant que parent, surtout si le comportement se poursuit après l’entrée de votre enfant à l’école maternelle.
Si vous avez du mal à aider votre enfant à cesser de sucer son pouce (ou si vous vous demandez si la succion du pouce n’est pas liée à des problèmes plus profonds de stress ou d’anxiété), appelez le médecin de votre enfant et prenez rendez-vous. Il pourra évaluer la bouche de votre enfant, lui parler des raisons qui le poussent à sucer son pouce et vous orienter vers la prochaine étape.
A noter que certains adultes sucent toujours leur pouce. Passé l’enfance, l’habitude de sucer son pouce est une habitude compulsive et parfois une source de réconfort. La thérapie est alors recommandée pour s’en débarrasser.
