En Amérique, le mois d’octobre signifie une chose : la saison de l’épouvante est à nos portes.
Cela se traduit par des épices à la citrouille, des costumes créatifs remplis de références à la culture pop et de faux sang et, bien sûr, des films d’horreur qui regorgent de suspense et de sang qui font froid dans le dos.
Pour autant, lorsque l’on cherche à se faire peur sur son écran, il est important de ne pas perdre de vue sa santé mentale.
Des films comme « Jennifer’s Body », « The Shining », « The Invisible Man » et « Get Out » sont excellents pour le suspense et le frisson, mais la peur peut parfois devenir un peu trop réelle.
Prendre soin de sa santé mentale est important, il est donc utile de connaître ses limites et de savoir comment regarder un film de manière saine.
Effets physiologiques
Les films d’horreur contiennent des astuces psychologiques qui créent des illusions de suspense et de danger grâce à la manipulation des images, du son et de l’histoire.
Bien que votre cerveau soit conscient que les menaces ne sont pas réelles, votre corps les enregistre simultanément comme si elles l’étaient.
Ce phénomène est similaire à celui d’un manège dans un parc d’attractions, où vous pouvez vous sentir terrifié tout en sachant que vous êtes en sécurité.
Winston dit qu’en général, il n’y a pas de mal à regarder pour ceux qui peuvent traiter l’illusion pour ce qu’elle est. Elle décrit la capacité à vivre une expérience et à l’observer simultanément comme une « défusion » ou un « désenchevêtrement »
C’est une « condition préalable pour apprécier les films d’horreur », dit-elle.
Cela dit, il faut faire attention à certaines choses.
Les films d’horreur sont conçus pour susciter certaines émotions telles que la tension, la peur, le stress et le choc. Ces émotions peuvent entraîner la libération d’hormones dans le corps, telles que la norépinéphrine, le cortisol et l’adrénaline, par le système nerveux autonome.
Vous pouvez observer une réponse physiologique de ces hormones sous la forme d’une dilatation des pupilles, d’une augmentation du rythme cardiaque et d’une tension musculaire.
Effets sur le sommeil
Bien que l’adrénaline contribue à l’expérience globale du film, les états d’euphorie peuvent rendre le sommeil plus difficile.
« Même l’euphorie post-horreur que certains ressentent est activante, et non relaxante. Ainsi, même pour ceux qui apprécient les montagnes russes émotionnelles, les films d’horreur et de suspense peuvent rendre le sommeil plus difficile », explique le Dr Pamela Rutledge, directrice du Media Psychology Research Center.
Il est extrêmement important de passer une bonne nuit de sommeil pour la santé physique et mentale.
Santé mentale
La recherche peut intensifier les émotions négatives.
Un mauvais sommeil a également été associé à des problèmes de santé mentale. On estime que 90 pour cent des personnes souffrant de dépression ont un sommeil de mauvaise qualité. Certaines recherches suggèrent qu’un sommeil de mauvaise qualité chez les personnes âgées augmente le risque de décès par suicide.
Research suggère également que passer 3 nuits consécutives ou plus sans dormir peut entraîner des distorsions perceptives, des délires et des hallucinations.
Rutledge note que « pour les personnes sensibles, le sommeil peut également être perturbé par l’intériorisation des images [des films] dans les rêves »
Cela signifie que l’horreur à l’écran peut déclencher des cauchemars, qui sont proven pour perturber le sommeil paradoxal (sommeil profond) et provoquer un sommeil perturbé ou de mauvaise qualité.
Si les films d’horreur vous empêchent de dormir, il peut être utile de reconsidérer votre choix de visionnage.
Anxiété
Les personnes souffrant d’anxiété sont plus susceptibles d’être affectées par les films d’horreur.
Comme l’explique Rutledge, « l’anxiété chronique augmente la sensibilité aux stimuli qui provoquent le sursaut, ce qui rend les personnes déjà stressées et anxieuses plus susceptibles de réagir négativement »
La sensibilité à l’anxiété est la peur des sensations corporelles associées à l’anxiété et une interprétation erronée de ces sensations comme étant des menaces réelles.
Winston explique que c’est « la peur de la peur – une aversion et une peur de la réponse d’excitation du corps à travers les sensations et les sentiments »
Les personnes souffrant de sensibilité à l’anxiété sont plus susceptibles de ressentir un impact négatif en regardant des films d’horreur. La tendance à craindre des pensées et des images intrusives peut être déclenchée et augmenter les niveaux d’anxiété ou de panique.
Winston note que le visionnage d’images d’horreur peut entraîner des pensées et des sentiments indésirables, de sorte que les personnes souffrant de sensibilité à l’anxiété ont généralement envie d’éviter ce genre d’expérience.
Effets positifs des films d’horreur
Même s’ils sont pleins de tripes et de sang, les films d’horreur peuvent aussi avoir des effets positifs sur les spectateurs.
Rutledge déclare : « En général, les gens qui regardent des films d’horreur ont tendance à les apprécier pour diverses raisons, donc pour la plupart des spectateurs, il s’agit d’un impact positif. »
Le visionnage de films d’horreur peut également être l’occasion d’affronter ses peurs, car le spectateur résiste à l’horreur et profite de la résolution du problème.
Cela peut être particulièrement vrai pour les spectateurs souffrant de certains troubles mentaux.
« Si une personne est traitée pour un trouble anxieux ou un trouble obsessionnel-compulsif, les films d’horreur peuvent lui donner l’occasion d’affronter ses peurs et de se convaincre qu’elle peut, en fait, supporter une détresse désagréable et qu’elle n’est pas dangereuse pour elle », explique M. Winston.
Il est toutefois important de demander à votre médecin ou à un psychologue agréé si cela vous conviendrait.
Conseils pour un visionnage sain
Il existe également des moyens d’atténuer l’impact d’un film d’horreur tout en profitant des sensations fortes qu’il procure.
Découvrez quel sous-genre vous convient
Un conseil important pour regarder des films d’horreur est de trouver le niveau que vous pouvez supporter et le sous-genre qui correspond à vos préférences.
Comme le dit Rutledge, « Connaissez vos propres goûts et votre tolérance »
Par exemple, tout le monde n’appréciera pas le gore ou les jeux d’esprit. Si les effusions de sang sont plus susceptibles de vous hanter longtemps après le visionnage, essayez quelque chose de plus surnaturel, comme « Paranormal Activity » ou « The Conjuring »
En revanche, si les fantômes sont plus susceptibles de vous empêcher de dormir, optez pour un thriller psychologique tel que « Black Swan », « The Boy Next Door » ou « Look Away »
Si le gore est votre tasse de thé, essayez « Human Centipede » ou la série « Saw ».
Fixez vos limites
La chose la plus importante à garder à l’esprit lorsque vous regardez des films d’horreur est votre propre confort.
« Il n’y a pas de mal à éviter les films d’horreur, que ce soit en réponse à une valeur morale évitant la violence ou à un désir psychologique d’éviter des images et des sensations non désirées », déclare Winston.
Rutledge est d’accord avec ce sentiment de faire passer ses besoins avant tout.
« Soyez prêt à fixer des limites et à vous défendre lorsque vous négociez des programmes communs. Il est important d’évaluer vos émotions actuelles et la façon dont vous serez affecté par ce qui est à l’écran, en particulier si vous avez une tendance à la peur ou à l’anxiété.
N’oubliez pas que vous pouvez toujours quitter la pièce et prendre un livre relaxant à la place. Tous les récits comportent des conflits, mais il s’agit de choisir le niveau qui vous convient le mieux à ce moment-là.
Méfiez-vous de la frénésie
Il est également important de surveiller non seulement ce qui est à l’écran, mais aussi la quantité de ce que vous consommez. Bien qu’il puisse être tentant de regarder des films d’horreur tout au long du mois, cela peut présenter certains risques.
Une étude réalisée en 2017 par le département de la santé et des loisirs de l’université de Toledo a révélé que le fait de regarder la télévision ou des films en boucle peut accroître les symptômes d’anxiété et perturber le sommeil, même s’il ne s’agit pas de films d’horreur.
L’étude a également révélé que les participants qui regardaient la télévision pendant plus de deux heures chaque nuit affichaient des niveaux de dépression plus élevés que ceux qui la regardaient moins longtemps.
Le binge-watching de films d’horreur augmente également la régularité de l’adrénaline dans le corps, ce qui aggrave les problèmes de sommeil.
La recherche suggère également que le binge-watching peut être un comportement obsessionnel et compensatoire. Il est essentiel de surveiller le nombre de films que vous regardez par semaine et de remarquer si cela affecte votre comportement habituel.
Comme pour tout film ou émission de télévision, tout est question de modération.
Prenez une pause
Si certaines parties d’un film vous mettent mal à l’aise, vous pouvez toujours fermer les yeux ou partir faire une petite pause aux toilettes.
Il n’y a pas de honte à se détourner d’une scène particulière qui vous fait froid dans le dos.
Maintenez les lumières allumées
Regardez les films avec les lumières allumées ou pendant la journée. Cela peut être particulièrement utile si vous souffrez de nyctophobie, c’est-à-dire d’une peur extrême de l’obscurité.
Ensemble
Une autre astuce consiste à regarder des films d’horreur avec d’autres personnes, car ils peuvent vous aider à vous sentir attaché à la réalité. Il est également possible de faire des câlins, ce qui peut vous aider à vous sentir en sécurité.
« Les films d’horreur incitent à se blottir dans les salles pour gérer la peur, et le visionnage en groupe amplifie le plaisir parce que les gens se sentent plus en sécurité lorsqu’ils ont peur », explique M. Rutledge.
Savoir ce qui va se passer
Si vous avez peur de ne pas connaître la fin, vous pouvez toujours consulter les spoilers à l’avance et les garder pour vous. Cela peut contribuer à atténuer le suspense.
Comme pour tous les genres de films et d’émissions de télévision, tout dépend des préférences individuelles et des circonstances.
Pour regarder un film en toute sécurité, surveillez ce que vous ressentez en regardant un film d’horreur. Notez comment vous vous sentez le lendemain et si votre sommeil s’en ressent.
N’oubliez pas que vous pouvez toujours quitter le film si vous ne vous sentez pas à l’aise ou si vous n’appréciez pas les réactions physiologiques de votre corps.
Se mettre dans l’esprit d’Halloween est amusant, mais prendre soin de sa santé mentale est bien plus important.
Marnie Vinall est une rédactrice indépendante qui vit à Melbourne, en Australie. Elle a écrit de nombreux articles pour diverses publications sur des sujets aussi variés que la politique, la santé mentale, les sandwichs nostalgiques et l’état de son propre vagin. Vous pouvez joindre Marnie via Twitter, Instagram, ou son website.
