Il peut être difficile de s’ouvrir, mais le partage peut être bénéfique pour nos relations et notre bien-être.
Vous êtes assis là et vous regardez votre ami, votre partenaire ou votre thérapeute. Vous croisez leur regard interrogateur, sachant que vous avez la possibilité de partager… mais les mots semblent bloqués dans votre gorge.
Vous sentez peut-être votre cœur s’emballer alors que vous essayez de trouver quoi dire. Peut-être qu’une partie de vous veut s’ouvrir, mais qu’une autre n’en est pas si sûre.
Peut-être n’êtes-vous même pas sûr de comment vous vous sentez.
Exprimer ses sentiments peut être un processus compliqué pour certains, et il n’est pas rare de se sentir mal à l’aise à l’idée de partager. Mais pourquoi ressentez-vous le besoin de vous retenir ? Et existe-t-il un moyen d’acquérir cette précieuse compétence ?
Pourquoi est-il si difficile de s’ouvrir?
Avez-vous déjà quitté une conversation importante en vous reprochant de ne pas avoir dit ce que vous ressentiez, ou en regrettant de ne pas vous être laissé aller à partager vos vraies pensées ?
Plusieurs facteurs peuvent rendre l’ouverture plus difficile – cela peut être lié à ce que vous ressentez, à qui vous êtes, et à la façon dont vous vous comportez avec les autres.
Sujets difficiles
Lorsque l’histoire que vous voulez partager avec quelqu’un suscite de grandes émotions, il est courant de se retenir. Certaines expériences sont trop douloureuses ou traumatisantes pour en parler.
Que vous ayez l’impression de ne pas vouloir accabler votre interlocuteur avec ces grandes émotions, ou qu’il soit tout simplement trop difficile de ressentir ces émotions, il peut être plus difficile de partager vos sentiments et votre histoire en conséquence.
En outre, l’expérience du traumatisme elle-même peut rendre plus difficile le fait de nommer, de décrire et de partager ses sentiments, selon une étude de 2014.
Les problèmes d’attachement
Le traumatisme et les problèmes d’attachement sont souvent liés.
Par exemple, une étude portant sur des réfugiés suggère que le fait de vivre des événements interpersonnels traumatisants peut rendre plus difficile la formation d’un attachement sécurisant avec les autres. Ce manque d’attachement sécurisant se traduit souvent par une moindre confiance dans les autres personnes.
Le manque d’attachement sécurisant dû à un traumatisme peut rendre l’ouverture particulièrement difficile. De plus, l’attachement insécurisant fait que certaines personnes hésitent à partager leurs sentiments, craignant d’être rejetées.
Normes sociales
Dans certaines familles et cultures, on peut avoir l’impression qu’il est risqué, voire découragé, d’être authentique. Si la plupart des personnes qui vous entourent affichent une façade de « réussite », le fait de partager des pensées et des sentiments bruts, réels ou inconfortables peut ne pas vous sembler sûr ou approprié.
Dans son livre « Opening Up : The Healing Power of Expressing Emotions », le Dr James W. Pennebaker parle d’une enquête qu’il a menée sur les traumatismes de l’enfance.
Il a constaté que les gens étaient moins enclins à parler de certains traumatismes de l’enfance, comme le divorce des parents ou les abus sexuels. Il a également remarqué qu’il était plus facile de parler de certains traumatismes s’ils étaient considérés comme socialement acceptables.
Si vous avez du mal à vous ouvrir, demandez-vous si vous êtes aux prises avec des normes sociales qui rendent le partage plus difficile.
Personnalité
Il est probable que vous connaissiez quelqu’un qui peut parler avec absolument n’importe qui qu’il rencontre. Ces personnes très sociables sont peut-être plus disposées à parler de leurs sentiments parce qu’elles sont naturellement plus à l’aise dans les situations qui exigent de divulguer des informations personnelles.
Le degré de sociabilité est lié à la personnalité.
Certaines recherches suggèrent que les extravertis ont tendance à être plus sociables. En revanche, si vous êtes naturellement plus réservé (introverti), il vous sera peut-être plus difficile d’exprimer vos émotions, même à l’égard d’un proche.
Comment parler de vos sentiments
S’ouvrir à vos sentiments peut vous soulager et même être bon pour votre santé.
Dans une étude de 2014 portant sur la santé des employés d’un centre d’appels, un plus grand bien-être était lié à la capacité de parler d’événements négatifs au travail.
La recherche suggère également que parler de nos sentiments peut aider à la régulation émotionnelle.
Si vous trouvez qu’il est difficile de parler de vos sentiments, vous pouvez développer des compétences qui facilitent le processus :
Respirer profondément
La respiration profonde présente de nombreux avantages. En plus de vous aider à retrouver votre calme, la respiration profonde peut :
- soutenir votre mémoire
- améliorer les fonctions cognitives
- aider à apprendre
Si vous vous sentez stressé en pensant à ce que vous devez dire, ou si vous n’arrivez pas à vous souvenir de ce que vous ressentez, il peut être utile de faire une pause et de prendre quelques respirations profondes.
Prendre le temps de respirer peut également vous aider à vous ancrer et à vous connecter à ce que vous ressentez avant d’exprimer ces grandes émotions.
Pratique
Partager ses sentiments de manière constructive est une compétence. Par exemple, lors de votre première séance avec un thérapeute, vous pourriez vous sentir mal à l’aise et anxieux. Mais après quelques séances, les mots commencent à couler et vous vous sentez plus à l’aise pour partager vos émotions.
Il en va de même pour les conversations avec vos proches et vos amis – et même avec vous-même. En pratiquant cette compétence, vous trouverez peut-être plus facile de partager vos sentiments lorsque le moment l’exige.
Identifier et accepter vos émotions
Une grande partie du partage efficace des émotions consiste à identifier correctement vos sentiments.
Comme les émotions difficiles peuvent souvent être complexes, il est essentiel de prendre un moment d’auto-réflexion pour identifier ce que vous ressentez et ensuite vous permettre de ressentir ces sentiments.
Par exemple, vous pourriez commencer par vous demander : « Qu’est-ce que je remarque, qu’est-ce que je ressens, ou qu’est-ce que je pense ? » S’il est difficile d’identifier un sentiment, vous pourriez d’abord vous concentrer sur les sensations dans votre corps. Y a-t-il des tensions ou du stress ? Les sensations corporelles peuvent souvent être des indices de nos sentiments, comme la colère.
Choisissez le bon auditeur et le bon moment
Le « mauvais » auditeur peut être quelqu’un qui n’est pas disposé à comprendre, qui vous rabaisse ou qui invalide vos sentiments. Par exemple, si vous souffrez de dépression, vous ne voudrez peut-être pas en parler à votre tante, qui ne la comprend pas. Au lieu de cela, vous pourriez choisir une personne à qui vous confiez vos émotions, comme votre meilleur ami.
Imaginez vos sentiments comme une œuvre d’art en verre. Vous voudrez la confier à quelqu’un dont vous êtes sûr qu’il la traitera avec soin.
Il est également important de choisir le bon moment. Essayer d’avoir une conversation constructive lorsque votre interlocuteur est distrait ou de mauvaise humeur peut conduire à une expérience insatisfaisante ou frustrante.
Comment aider quelqu’un à exprimer ses sentiments
L’un de vos proches a-t-il du mal à s’ouvrir ? Voici quelques conseils pour l’aider :
- convenir de discuter du problème
- déclarer vos intentions
- se centrer et s’ancrer avant la discussion
- prendre la responsabilité de votre rôle dans leurs émotions
- communiquer d’une manière qui favorisera la confiance, l’ouverture d’esprit et la sécurité
- ne tombez pas dans le piège de justifier vos actions
- soyez patient
- montrez de l’appréciation
- remerciez-le d’avoir partagé
En vous exerçant à être un bon auditeur, votre proche peut se sentir plus à l’aise pour s’ouvrir sans avoir peur, sans hésiter ou sans être anxieux. Au fil du temps, cela peut contribuer à renforcer la relation et vous être bénéfique sur le plan émotionnel.
Vous avez besoin d’autres conseils pour aider un être cher à exprimer ses émotions ? Vous pouvez en apprendre davantage ici.
Récapitulons
S’ouvrir peut être un défi pour chacun d’entre nous. Cela peut être dû à :
- un traumatisme passé
- un style d’attachement
- des normes sociales
- la personnalité
- la façon dont vous avez été élevé
- la façon dont vous êtes à l’aise avec l’émotion
S’il n’est pas facile pour vous de partager vos sentiments avec d’autres, il existe également des moyens de s’entraîner, comme développer des compétences pour nommer les émotions et choisir la bonne personne avec qui partager.
Il est naturel de vouloir être à la fois entendu et vu. Mais partager ses émotions peut s’avérer difficile : vous pouvez vouloir vous ouvrir, mais avoir l’impression que quelque chose vous retient.
Développer des compétences pour s’ouvrir (et être à l’écoute des autres) peut en fin de compte favoriser l’empathie, la compassion et un sentiment de proximité dans vos relations.
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